Dès la fin des années 1960, Denis Godefroy affirme son goût pour la musique. Il crée avec ses frères et amis le groupe Anathème, qui mêle poésie et musique. « Ce qui m’intéresse c’est que mon travail de peinture soit interrogé par l’écriture et la musique. Lire, écouter, regarder. À la lecture de la poésie, il y a de la scansion, c’est-à-dire qu’il y a de la musique dans la littérature. Il y a aussi de la peinture dans la littérature, il y a sans doute de la vision dans la musique. » Joe Cocker, Vivaldi, les Pogues, Bob Dylan, Bach, Otis Redding ou encore Eric Burdon rythment ses journées à l’atelier.
En 1986, il participe, avec l’organiste Louis Thiry, à un concert-performance, « L’art de la fugue en peinture », dans l’église Saint Taurin d’Évreux. Il réalise d’autres performances : à 1994 à Yvetot, à Château Cadillac en Fronsadais, invité par Jean-Jacques Lesgourgues, son collectionneur le plus fidèle, la même année. Son frère Gene Clarksville et Sébastien Souchois l’accompagnent, comme en 1996, au Cloître des Pénitents à Rouen.
Sa passion pour la musique se retrouve dans beaucoup de ses œuvres. « Ses dessins ont pour origine au moins autant ce que ses oreilles entendent que ce que ses yeux voient, écrit Gilbert Lascault. Chaque dessin est une sorte de libre partition, liée à des musiques autant qu’à des vues. » La musique mène souvent sa main et influe sur les couleurs, la texture, le geste…
« Moi je suis « fondé » par le dessin, par le plaisir que j’ai à écouter de la musique et par l’envie que j’ai eu d’en faire. C’est pourquoi j’ai envie de « musicaliser » ma peinture. Ce type de raisonnement évite le manichéisme qui a régné pendant longtemps, c’est-à-dire que la peinture ne soit qu’image. Ce n’est pas qu’une image. Le silence avec lequel on la regarde fabrique de la musique. La musique est une spéculation intellectuelle avec laquelle le sensible se met en place. »
« J’écris avec la photo et je m’exprime avec la musique »
Performance au Centre Culturel Marc Sangnier, Mont Saint Aignan, en 1993. En musique avec Gene Clarksville et Sébastien Souchois